Financement des retraites :
le choix de société socialiste

 

Le 15 février 2023 l’Assemblée nationale discute du financement des retraites, plus gros budget de l’Etat. Le député socialiste Jérôme Guedj prend la parole. Il explique que le gouvernement et sa majorité veulent forcer les Français à travailler deux ans de plus, de 62 à 64 ans, pour trouver l’argent nécessaire, alors que les socialistes proposent de le prendre aux riches. « C’est un choix de société », dit-il.

 

Il a raison. Pour cet énorme budget il y a deux solutions : soit créer la richesse nécessaire en travaillant plus, soit prendre plus d’argent aux riches. Les socialistes posent le problème comme le faisait Karl Marx au XIXe siècle : considérant que la production totale de richesses est fixe, la seule solution pour que certains gagnent plus d’argent est de le prendre à d’autres. Cette solution socialiste a encore été appliquée sous François Mitterrand, en limitant les durées hebdomadaire et annuelle du travail pour partager un emploi total supposé fixe entre un nombre croissant de travailleurs.

 

Dans les deux cas elle s’est avérée fausse. Karl Marx n’a pas pensé que la productivité pouvait progresser grâce au progrès technique. Mitterrand n’a pas prévu que la mondialisation entraînerait une croissance considérable, en Europe, en Amérique et surtout en Asie. C’est toujours la croissance de la production qui a entraîné celle du niveau de vie, pas le partage des revenus existants. De nos jours, en France comme dans tous les pays développés, on manque cruellement de travailleurs dans de nombreux métiers : si les entreprises ou les hôpitaux trouvaient le personnel manquant, par exemple, la richesse et la santé nationales augmenteraient toutes deux.

 

Les conséquences de la « solution » socialiste de spoliation échappent à l’évidence à ceux-ci. Un « riche » ne dépense qu’une partie minime de ses revenus pour vivre, il en investit la grande majorité. Prendre l’argent aux riches entraînerait immédiatement une chute des investissements ; or ceux-ci sont indispensables au développement de la production de biens et de services, comme à l’innovation indispensable pour atteindre de nouveaux marchés. Confisquer leur richesse aux riches les fera fuir à l’étranger, eux et leurs capitaux, et dissuadera l’investissement d’étrangers dans notre pays. Moins d’investissements en France nous affaiblira face aux concurrents étrangers, à un moment où l’Union Européenne prête à ses pays membres des moyens d’investir jugés indispensables face à la concurrence de la Chine et des Etats-Unis.

 

La France comptera de moins en moins d’actifs et de plus en plus de retraités, et ceux-ci vivront de plus en plus vieux. Il faudra donc de plus en plus d’argent pour financer nos retraites par répartition. Mais poser ce problème de financement exclusivement en termes d’argent est une erreur, car l’argent n’est qu’un moyen d’acheter des biens et des services. Si nous manquons d’actifs pour produire ces biens et services, l’argent supplémentaire produira de l’inflation et une explosion des importations. C’est ce qui s’est passé au début de la présidence Mitterrand. Celui-ci a distribué si généreusement l’argent public pour plaire au peuple de gauche que nos importations ont explosé et notre balance des paiements s’est dégradée. La France achetant alors plus aux étrangers que ce qu’elle leur vendait, le franc s’est effondré et il a fallu trois dévaluations en moins d’un an pour arrêter la déroute de notre économie. Et l’inflation a aussi appauvri les Français en diminuant la valeur des sommes épargnées.

 

Voilà ce qu’il faut rappeler aux socialistes, voilà où mène leur choix de société.

 

Daniel Martin